Certains films plus que d'autres ont le pouvoir d'habiter nos rêves et nos pensées bien au-delà de leur vision. L'espace de liberté que quelques-uns portent en eux nous aide à repenser constamment le cinéma, et à penser avec lui. Les films de Jean-Luc Godard sont de ceux-là, et le choc ressenti devant Adieu au langage a suscité un ensemble de textes conçus à la lumière de ce film et des horizons qu'il ouvre. Partant de ce film d'une richesse fabuleuse, ce numéro de 24 images a aussi tenté de voir comment d'autres cinéastes actuels affrontent la question du langage au cinéma, notamment grâce aux analyses de quelques films présentés cet automne : Atlas d'Antoine D'Agata, Journey to the West de Tsaï Ming-liang et Still the Water de Naomi Kawase, entre autres.
Le numéro d'hiver de Moebius a pour titre la sibylline phrase : « La petite a ses choses, il va falloir la surveiller ». « Petite : naine, minuscule, limitée. A-t-elle ses choses qu'elle menace de grandir d'un coup, qu'on la tient à distance (elle est souillée après tout), qu'on la rabaisse. La petite restera petite tant qu'on pourra la dominer, [...]En attendant, on frémit, on s'inquiète, la petite a ses choses, elle saigne, elle gonfle. Elle a comme une odeur. [...]On se paie une surveillante ou on s'en tient à la veilleuse? Qu'est-ce qu'elle bricole, la petite, et qu'on ne saurait voir? » (extrait du liminaire) Lisez la prose de Myriam de Gaspé, Samuel Lapierre, Aurélia Peyrical, Monique Le Maner, Alice Rivard, Katherine Raymond et Marc Babin, Vincent Giard et les vers de Virginie Beauregard D., Diane-Ischa Ross, Jonathan Morier, Mélina Schoenborn, Zéa Beaulieu-April, Véronique Hudon et Emmanuel Deraps.