Ouvrier anonyme, Jean-Claude Morel a consacré sa vie aux grands chantiers de Montréal. Il a creusé le métro et le pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, fait surgir des îles et s'entrelacer des autoroutes. Mais si les tours qu'il a construites au centre-ville en rapprochent certains du soleil, elles allongent leurs ombres jusqu'en bas de la track : le Faubourg à m'lasse est détruit, la rue Notre-Dame rasée, et la famille Morel expropriée et déplacée tandis que des drames intimes finissent par la disloquer. Le vieux Jean-Claude, né durant la Grande Crise d'une succession de fils déchus et de pères cassés, jongle avec ses souvenirs dont il ne sait que faire jusqu'à l'arrivée en scène de sa petite-fille Catherine qui, curieuse de ses racines, vient libérer la parole et retricoter les liens décousus.
Fresque grouillante de vie, tourbillon mémoriel aux fondus enchaînés bouleversants de précision, Morel raconte de l'intérieur la métamorphose de Montréal au 20e siècle, où le génie n'est ni civil ni industriel, mais profondément humain : c'est le coeur même d'une communauté têtue, vive et désordonnée qui trouvera toujours le moyen de fleurir à travers la rouille et le béton.
Amis d'autrefois, amoureux incertains, familles amochées, artistes se mesurant à la
puissance de l'art et athlètes déchus - trahis par leur corps défaillant - se côtoient
dans une ville de Montréal chargée des traces fuyantes de son passé: Les noyades
secondaires regroupe sept histoires pétries d'humour noir et de mélancolie, dans
lesquelles l'étrangeté flirte parfois avec le fantastique, et où la férocité se conjugue
à la vitalité de la langue.
Un soir de juin, dans un parc de Hochelaga, un écrivain en panne d'inspiration fait la rencontre de Robert Lacerte, surnommé Baloney, vieux poète raté qui lui raconte son passé. À la poursuite de la poésie, et toujours à côté des temps forts de l'Histoire, Lacerte a sillonné des chemins qui l'ont mené de la forêt laurentienne à celles de l'Amérique du Sud, puis aux quartiers gris de l'est de Montréal, où il doit disparaître sans rien laisser derrière.
Chant vigoureux hanté par l'impuissance et la mémoire, Des lames de pierre charrie dans ses eaux torrentueuses des pans entiers de la vie des hommes, arrachés de force au vide qui nous appelle.
Avec son numéro 118, la revue XYZ invente le road short story ! David Dorais, qui dirige ces dix « Nouvelles de la route », parle plus poétiquement d'une « Odyssée en fragments ». Des auteurs de renom tels que Samuel Archibald, Raymond Bock, Anne-Marie Boivin, Nicolas Charette, Jean-Simon DesRochers, Jean Pierre Girard, Catherine Mavrikakis, William S. Messier et Suzanne Myre se sont inspirés du sous-thème qui leur a été attribué (le casse-croûte, l'autoroute, l'accident, la voiture, le motel, le motorisé, le Madrid, etc.). Le voyage est fascinant. Hors dossier, la rubrique « Thème libre » met à l'honneur un texte de David Clerson et la section « Intertexte » voit Renald Bérubé poursuivre sa traversée de la nouvelle américaine, amorcée dans le numéro 115 (automne 2013).
Qu'on le méprise ou qu'on le vénère, on a beaucoup de choses à dire sur l'animal, et c'est pourquoi j'ai invité des auteurs à s'exprimer sur le sujet. Leurs réponses, sous forme de poèmes, récits, nouvelles, essais, ont dépassé mes espérances. Autant tel essai sur la cruauté envers les animaux me touche parce qu'il rejoint mes valeurs et mon engagement à ne plus les exploiter, autant tel récit sur l'éviscération d'un cervidé me bouleverse par sa beauté et sa faculté de rappeler que la mort n'est jamais banale.
Lora Zepam
Montréal s'incarne, dans ce numéro d'XYZ. La revue de la nouvelle, dans son futur et son passé, entre mémoires et fantasmes. Neuf auteurs, montréalais et non montréalais, ont ainsi relevé le défi de dévoiler une facette de leur Montréal imaginaire. Entre le Montréal historique d'André Carpentier et de Maxime Raymond Bock et le Montréal fantastique et anticipatoire de Jean-Pierre April et de David Dorais, reconnaissez les mêmes espaces. Les lieux nostalgiques de Denise Brassard, Christine Champagne, Jeanne Crépeau et Christine de Camy ou ceux irritants décrits par Jean-Paul Beaumier se rejoignent aussi dans les mêmes carrefours. Ce dossier est accompagné d'une série de six photographies de l'artiste Martine Rouleau intitulée Montréal, le temps de quelques clics , qui attrape la ville sur le vif. Hors dossier, retrouvez une nouvelle du Paris d'Alexandra Estiot, une autre sur le monde de l'art signée Emmanuel Bouchard et un texte d'Antoine Dion-Ortega sur la famille.
Lire ou relire Hubert Aquin, c'est avancer sur un terrain miné; la métaphore belliqueuse ne lui aurait d'ailleurs pas déplu. À gauche du champ : la mythification qui accompagne le grand écrivain, l'arbre biographique cachant la forêt de la littérature. À droite du même champ : l'institution scolaire. Dans ce dernier numéro Marie-Claire Blais, Raymond Bock, Carole David et Jean-Pierre Lefebvre ont réussi, en interrogeant les lignes de force de l'oeuvre, à mettre au jour les questions éthiques, politiques et esthétiques soulevées par l'oeuvre d'Aquin.
Extrait du numéro 302 de Liberté, Rétro, les classes sociales ?
Revenant sur les événements du printemps dernier, Liberté se demande : comment est-il possible pour les citoyens de dialoguer avec le pouvoir ?
À travers les textes de poètes, de dramaturges, d'un sociologue et d'un activiste, Liberté donne ici à lire la diversité, la richesse et la complexité des discours et des événements du conflit étudiant. À cela s'ajoute une rencontre imprévue, celle de deux acteurs de la vie publique que tout semble opposer : André Pratte (La Presse) et Amir Khadir (Québec Solidaire) se sont en effet rendus dans les bureaux de Liberté afin d'y discuter de désobéissance civile.
Avec des textes de Dominic Champagne, de Jean-Philippe Warren, de Raymond Bock, de Maxime Catellier et Shawn Cotton, d'Evelyne de la Chenelière de même que de l'activiste américain Mark Rudd (ancien membre des Weathermen).
Ce dossier est issu du No 298 de la revue Liberté.
Il semble que nous aimons bien, au Québec, ne pas aimer notre système de santé. On a beau connaître par coeur la litanie des clichés à son sujet, on dirait qu'on ne s'en lasse pas.
Il va sans dire, orchestrer les soins pour toute une population n'est pas une mince affaire. Nous avons donc souhaité, pour ce numéro d'automne de Liberté, revenir au fondement même de toute organisation de santé, soit le souci du blessé, du malade, du démuni, en mettant en lumière ceux et celles qui s'y consacrent.
Cet hiver, la revue Lettres québécoises consacre son dossier thématique au romancier et nouvelliste Mathieu Raymond-Bock. Dirigé par Mélikah Abdelmoumen, qui signe la présentation du dossier, et David Bélanger, qui signe l'entretien avec l'auteur, il rassemble six auteur.rices qui se penchent sur la structure complexe des livres de Maxime Raymond-Bock et qui témoignent de leur importance dans le paysage littéraire québécois. Le cahier Création accueille un poème de Claudine Bertrand, une nouvelle de Marie-Hélène Poitras et une lecture illustrée par Paul Bordeleau de Radiale de Valérie Forgues. C'est au tour de Mathieu Leroux d'expérimenter dans « Le labo ». Aussi, le cahier Vie littéraire propose deux nouvelles chroniques « Propos d'un dégrimé » signée par l'acteur et dramaturge, Alexis Martin et « La vie dans les ruines » par Anne Archet. La chronique tournante « Une chambre à soi? » est confiée pour ce numéro à Emmanuelle Caron. Le cahier Critique propose lui une trentaine de titres, pile à temps pour les Fêtes.