« Derrière moi, une querelle s'éternise, un bébé hurle, le wagon tressaute, ses roues grondent, les trains qui nous croisent vrombissent, mais, pour moi, le bruit s'est tu. »
Mikhaïl Chichkine, qui s'était donné pour mission d'adapter le modernisme « à la Joyce » aux lettres russes, se révèle ici au lecteur dans une simplicité et une intimité nouvelles. Qu'il évoque les relations entre la Suisse et la Russie, l'importance du mot ou le destin de l'écrivain, ses textes sont émaillés de détails biographiques qui leur confèrent la saveur toute personnelle du souvenir. Le texte sur Robert Walser, auquel il voue une grande admiration, est un chef-d'oeuvre : c'est, selon Paul Nizon, l'hommage éblouissant d'un écrivain à un autre écrivain.
Une enfance soviétique, une jeunesse rebelle, la haine de la violence ordinaire, l'appel de la littérature, l'exil, qui lui fit craindre de perdre sa langue maternelle, puis le rapprocha de « sa » langue d'écrivain et de la littérature russe : on trouve, dans ce recueil, le « code » de tous les livres de Mikhaïl Chichkine, ses sources d'inspiration autant que ses obsessions.
Né en Russie en 1961, Mikhaïl Chichkine a suivi des études d'anglais et d'allemand à l'École normale supérieure de Moscou. Il s'installe en Suisse en 1995. En 2000, il obtient le Booker Prize russe pour son roman La Prise d'Izmaïl (Fayard, 2003), qui le place d'emblée au premier rang des auteurs russes contemporains. Il a aussi publié Dans les pas de Byron et Tolstoï (Noir sur Blanc, 2005), prix du Meilleur Livre étranger (catégorie essais) ; La Suisse russe (Fayard, 2007), et Le Cheveu de Vénus (Fayard, 2007), qui a reçu les prix Bolchaïa Kniga et National Best-Seller 2006. Son roman Deux heures moins dix (Noir sur Blanc, 2012) est un best-seller en Russie et a été récompensé par le prix Bolchaïa Kniga 2011.
Deux heures moins dix met en scène l'amour entre Alexandra et Vladimir. Vladimir part à la guerre, au loin et dans leur correspondance, le passé se mêle au présent : Shakespeare et Marco Polo, les aventures d'un pilote arctique, une enfance dans la campagne, la prise de Pékin par des soldats russes... Les amoureux vont à la rencontre l'un de l'autre, tentant de réinventer le lien temporel et spatial qui a été brisé.
Dans ce roman épistolaire et polyphonique Chichkine crée un lieu hors du temps et de l'espace, celui de la correspondance, porté par une inventivité stylistique et narrative.
Prix Bolchaïa Kniga 2011
Ce livre a reçu le Prix du meilleur livre étranger 2005 (essai)
Nombreux au fil des siècles furent les écrivains qui trouvèrent asile et inspiration en Suisse. A cinquante ans d'écart, Byron et Tolstoï gravirent au départ du lac Léman plusieurs chemins escarpés vers les sommets de I'Oberland bernois et vers d'autres cimes, plus intérieures. Étape après étape, tous deux tinrent un journal qui n'a plus de secret pour Mikhaïl Chichkine ; il s'élance donc, pour sept jours et pour l'éternité, sur les traces de ces célèbres randonneurs romantiques, avec un regard tout à la fois distancié et passionné. Et nous emboîtons son pas lent et régulier, qui autorise les digressions de toutes sortes, qu'elles soient historiques ou littéraires, réflexions personnels, souvenirs plus intimes.
Nous croisons Rousseau et Madame de Staël, Goethe, Rilke, Guillaume Tell, Staline, Balthus et Klee, et tant d'autres encore... L'auteur nous dévoile par petites touches une grande dimension humaine et culturelle, doublée d'une puissance d'analyse fine et originale qui bouscule parfois - et toujours calmement - les idées reçues ou le conformisme ronronnant.
Né en Russie en 1961, Mikhaïl Chichkine est le seul écrivain qui a reçu les trois plus prestigieux prix littéraires russes, pour La Prise d'Izmaïl (Booker Prize 2000) et Le Cheveu de Vénus (Bolchaïa Kniga et National Bestseller 2006). Il est également l'auteur de Dans les pas de Byron et Tolstoï (Noir sur Blanc, 2005) et de La Suisse russe (Fayard, 2007). Il vit entre la Russie et la Suisse.