"Lorsque Claude Monet, quelques mois avant sa disparition, confirma à l'État le don des Nymphéas, pour qu'ils soient installés à l'Orangerie selon ses indications, il y mit une ultime condition : l'achat un tableau peint soixante ans auparavant, Femmes au jardin, pour qu'il soit exposé au Louvre. À cette exigence et au choix de ce tableau, il ne donna aucun motif. Deux remords de Claude Monet raconte l'histoire d'amour et de mort qui, du flanc méditerranéen des Cévennes au bord de la Manche, de Londres aux Pays-Bas, de l'Île-de-France à la Normandie, entre le siège de Paris en 1870 et la tragédie de la Grande Guerre, hanta le peintre jusqu'au bout."
Michel Bernard.
Le Bon Coeur est le roman d'une voix, celle d'une paysanne de dix-sept ans qui retint le royaume de France sur le bord de l'abîme, le sauva et en mourut. Elle changea le cours de l'Histoire en réveillant dans le coeur usé des hommes la force de croire et d'aimer.
Quand Omer Dewavrin entre dans l'atelier d'Auguste Rodin, dédale de formes humaines de pierre et de glaise, il a la certitude d'avoir fait le bon choix. Notaire et maire de Calais, il a confié au sculpteur à la réputation naissante la réalisation d'un monument en hommage à six figures légendaires de la guerre de Cent Ans : les Bourgeois de Calais. Nous sommes en 1884, et Dewavrin ne sait pas encore qu'il s'écoulera dix ans avant que l'artiste, en quête de perfection, se décide à déclarer son travail achevé. La bouleversante chorégraphie de bronze n'existerait pas sans ce bourgeois du XIXe siècle qui, devinant le génie du sculpteur, l'obligea à aller au bout de lui-même et imposa son oeuvre en dépit du goût académique et des controverses idéologiques. Sa femme Léontine et lui sont les héros inattendus de cette histoire, roman de la naissance d'une amitié et de la création du chef-d'oeuvre qui révolutionna la sculpture.
"Quand Ravel leva la tête, il aperçut, à distance, debout dans l'entrée et sur les marches de l'escalier, une assistance muette. Elle ne bougeait ni n'applaudissait, dans l'espoir peut-être que le concert impromptu se prolongeât. Ils étaient ainsi quelques médecins, infirmiers et convalescents, que la musique, traversant portes et cloisons, avait un à un silencieusement rassemblés. Le pianiste joua encore la Mazurka en ré majeur, puis une pièce délicate et lente que personne n'identifia. Son doigt pressant la touche de la note ultime la fit longtemps résonner."
En mars 1916, peu après avoir achevé son Trio en la majeur, Maurice Ravel rejoint Bar-le-Duc, puis Verdun. Il a quarante et un ans. Engagé volontaire, conducteur d'ambulance, il est chargé de transporter jusqu'aux hôpitaux de campagne des hommes broyés par l'offensive allemande. Michel Bernard le saisit à ce tournant de sa vie, l'accompagne dans son difficile retour à la vie civile et montre comment, jusqu'à son dernier soupir, "l'énorme concerto du front" n'a cessé de résonner dans l'âme de Ravel.
"À trente-quatre ans, j'ai éprouvé de nouveau l'empoignade d'une lecture d'enfance. Elle a duré deux nuits. Je relisais, bouleversé, Ceux de 14. [...] M'apprêtant à écrire sur les paysages du Barrois et de la Woëvre, j'avais pensé recevoir d'une nouvelle lecture de Genevoix la bénéfique influence. Sa réputation de paysagiste était solide et l'on disait qu'il n'était pas seulement le meilleur peintre de la Loire, mais aussi de la nature meusienne. Je pense maintenant que la cause était plus profonde."
Mes Tours de France est le premier livre de Michel Bernard. Il nous tend ses pages comme un ami nous tend ses bras. On s'y régale. Il y a les souvenirs. Il y a quelques espérances personnelles jetées aux orties dans la bonne humeur. Il y a du plein-vent, d'enivrantes odeurs, du grand soleil. Il y a le goût des choses simples. Il y a le vélo et les regards mystiques dont on l'entoure. Il y a les coureurs cyclistes, ces êtres de chair et de sang qui brillent comme des astres. Il y a la langue d'un vrai écrivain. Sa sensibilité. La beauté, çà et là, emporte quelques victoires
Après la destruction de toutes villes, au cours d'une fuite infinie à travers plaines, montagnes, déserts, océans, les personnages d'une horde en déroute s'incarnent dans les héros de différentes fuites historiques. Le délire d'une déambulation perpétuelle, d'une apocalypse sans cesse recommencée, est paradoxalement aussi délire de bâtisseur autant que fête - celle, ultime, du feu, des eaux.
Contribution à l'étude du roman historique, ce livre interroge les concepts d'Histoire (passé et discours sur le passé) et de roman (histoire, récit de fiction), en faisant appel au concept médiateur de mythe. Le roman de la Vendée et de la chouannerie met en jeu les notions de révolution (révolution-mutation, révolution-rotation), d'évolution et de contre-révolution, dans un XIXe siècle ponctué de soulèvements populaires et de réactions - le roman historique restant bien sûr tributaire de son histoire contemporaine. Centré sur un moment de l'histoire exclu, à en croire les romanciers, de l'historiographie, il élabore, sur la page blanche des écrits officiels, un mythe romanesque, à deux composantes : l'une ethnologique, puisque le Vendéen, et surtout le Chouan, font figure de sauvages au sein du monde moderne, l'autre proprement historique, les insurgés donnant lieu à des interprétations divergentes et idéologiquement tendues de l'histoire (comme passé et plus généralement comme devenir), ainsi que de la pratique discursive la mieux à même de re-présenter cette histoire. Si, pour Balzac, Hugo et Barbey d'Aurevilly, Vendée et chouannerie apparaissent comme l'autre refoulé de la culture post-révolutionnaire, aujourd'hui l'histoire a découvert l'intérêt du minoritaire et du marginal, et la théorie littéraire l'importance de l'altérité et de l'altération dans la constitution de l'identité textuelle : les analyses du Chouan romanesque s'inscrivent dans ces préoccupations.
Novembre 1449, dix-huit ans après la condamnation pour hérésie de Jeanne d'Arc, Charles VII chasse les Anglais de Rouen. La fin de la guerre de Cent Ans est proche : il faut achever la reconquête du territoire, panser les plaies des provinces dévastées et réconcilier les partis engagés dans la guerre civile. Promettant le pardon et l'oubli, le roi ordonne pourtant une enquête sur le procès de 1431. Malgré la résistance d'une partie de l'Église et de l'Université, quelques hommes opiniâtres, rusant avec la raison d'État, vont rechercher preuves et témoins pour rétablir la vérité, le droit et l'honneur de la jeune fille.
Après Le Bon Coeur, Michel Bernard relate l'histoire d'une poignée d'hommes en quête de justice. Bouleversés par la parole qu'ils découvrent dans les actes du procès, ils conduiront Charles VII à rendre à Jeanne un peu de ce qu'elle lui a donné. Chez cet homme insaisissable qui fut un grand roi, ils feront jouer au bon moment le bon ressort. Il a le visage d'Agnès Sorel, la beauté morte fixée par Jean Fouquet.
Pas d'erreur dans le titre de ce livre. Si Adrien et Robert Proust, père et frère de Marcel, étaient bien professeurs, Marcel Proust mérite le même qualificatif. S'il n'avait pas le statut de professeur de littérature ni de professeur de médecine, il en détenait cependant les compétences, étant doté d'une perspicacité supérieure à celle de ses professeurs parisiens, soignants sans vrais remèdes - son père inclus.
Lassé d'entendre leurs balivernes, sa recherche personnelle l'a amené à une compréhension singulière des maladies, décelant le rôle de l'inconscient dans leur genèse, et passant fructueusement, pour la Recherche, des reviviscences du docteur Sollier à ses réminiscences, ce qui rejoint le cheminement de Sigmund Freud.
Ainsi, le professeur Marcel Proust, asthmatique-allergique, m'a-t-il instruit et éclairé, moi le professeur de médecine spécialiste, sur les liens physiques et métaphysiques de ces maladies de la souffrance pectorale et du rejet. Je ne cesse, depuis, de proposer à ceux qui en souffrent une bibliothérapie proustienne efficace.
F.-B. M
Après avoir étudié les relations entre l'asthme et la littérature (le Souffle coupé), le professeur Michel se penche ici sur le rôle et la fonction, symbolique ou réelle, du nez dans la psychologie des individus. C'est en chercheur et en écrivain qu'il aborde ce problème : de Cyrano à Patrick Süskind, de Gogol à Freud, de Proust à Edmond About, il s'interroge sur le rôle de cet appendice dans le développement d'une sensibilité. A ce titre, quelles sont les conséquences "morales" du nez bouché ? Quelle est la vision du monde d'un anosmique ? Ou, au contraire d'un hypernosmique ? Y-a-t-il des relations entre le nez et la sexualité ? Telles sont parmi beaucoup d'autres les questions, plus sérieuses qu'il n'y paraît, que pose cet ouvrage.
Le 21 août 1922, Marcel Proust n'a plus qu'un petit mois à vivre. C'est d'asthme qu'il est atteint mais, en principe, on ne meurt pas de cette affection. Ce que François-Bernard Michel démontre, c'est la relation singulière qu'entretenait Proust avec la maladie et donc avec la médecine puis avec la mort. Il prétendait vouloir qu'on le soigne tout en n'écoutant que lui-même ; il s'autoprescrivait des traitements et des régimes qui ne pouvaient qu'accélérer gravement un processus de surinfection. Comme si dans cette lutte contre le temps et la mort Proust avait délibérément choisi cette maladie dont il croyait qu'elle le contraignait à vivre reclus et donc à ne plus vivre que pour écrire. Cette attitude de l'écrivain face à la proximité de la mort, François-Bernard Michel a voulu l'étudier aussi chez les écrivains frappé par le sida. Chez Hervé Guibert ou Gilles Barbedette notamment, François-Bernard Michel admire le courage qui les pousse à écrire malgré ou justement à cause de cette lutte dont ils savent bien qu'ils ne sortiront pas vivants mais vainqueurs grâce aux pages qui leur survivent.
Paul Valéry. Le grand poète. L'écrivain quasi officiel de la Troisième République. Le théoricien de la littérature pure, qui, dans Monsieur Teste, a déclaré vouloir rester « maître chez lui », c'est-à-dire libre des passions. « Prenez garde à l'amour », dit-il. Eh bien, il n'y a pas assez pris garde, et il a accueilli beaucoup de maîtresses chez lui. Et, contrairement à ce qu'il craignait, cela n'a pas nui à sa création littéraire.
De son grand amour de jeunesse, la baronne de Rovira, dont l'identité est pour la première fois révélée ici, à l'écrivain Catherine Pozzi et au sculpteur Jean Voilier (pseudonyme de Jeanne Loviton et figure étonnante du milieu artistique parisien), ce livre nous révèle les relations passionnées entre Valéry et les femmes, qui lui ont offert le matériau de son insatiable désir d'analyse des passions humaines. Ou : comment une éducation sentimentale devient une éducation d'écrivain.
« Finalement, je suis pour le classicisme : c'est cela l'avant-garde. » Dans Notes et contre-notes (1962) Ionesco exprime en ces termes, volontiers provocateurs, sa conception de la modernité théâtrale. Sans doute cette tension dynamique entre héritage et innovation, tradition et révolution, constitue-t-elle une clef de lecture efficace pour une grande part de la production dramatique française des XXe et XXIe siècles. Les contributeurs de cet ouvrage interrogent, à la lumière des notions en apparence antagonistes de « classicisme » et de « modernité », le vaste répertoire qu'ont contribué à forger des auteurs tels que Claudel, Giraudoux, Genet, Ionesco, Beckett ou encore Schéhadé. Ils en explorent la dramaturgie, questionnant notamment l'usage réservé aux didascalies ou l'interaction entre le théâtre et la danse. Ils s'intéressent également à la réécriture, phénomène qui fait écho à la stratégie classique de l'imitation en introduisant un rapport ludique au texte matriciel. Ils soulignent enfin l'importance accordée depuis deux siècles au metteur en scène et étudient la façon dont ce dernier est à l'origine de nombreuses modifications du texte théâtral.
C'était il y a quatorze ans et ils sont tous encore là : Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac, Michel Rocard, Jacques Chaban-Delmas, Edgar Faure, Georges Marchais, Alain Krivine, Arlette Laguiller, et même Pierre-Auguste Messmer. Nous nous plaisons à les revoir dans leurs commencements. Voici pourquoi nous rééditons cette pièce : pour rire. * « C'est un événement politico-humoristico-littéraire d'une drôlerie et d'une rosserie exceptionnelles. » Le Point « Michel-Antoine Burnier, Bernard Kouchner et Frédéric Bon s'y sont pris comme Corneille, Racine et Molière. Ni mieux ni pis. » Guy Sitbon Le Nouvel Observateur « Une tragédie classique. » L'Express « Ça aurait fait rire le président Pompidou, s'il avait eu moins mal au cul. » Delfeil de Ton Charlie Hebdo « Il faut savoir un gré infini à Monsieur Balland d'avoir publié cette oeuvre importante. » Yvan Audouard Le Canard Enchaîné. « Der « Esprit » ist noch nicht aus Frankreich entflohen. » Werner Bkenkamp Frankfurter Allgemeine Zeitung
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
L'érotisme mêle ici ses sueurs aux humidités de la lagune, ses odeurs aux émanations de la mer. Mais si Michel Bernard excelle à peindre des voluptés, des grotesques, des délires, des triomphes, que la phrase accompagne savamment, ce qui hante le livre et l'habite, ce ne sont ni les réjouissances charnelles, ni les renaissances du passé, bien qu'il y baigne. Une recherche plus générale, une interrogation aussi actuelle que possible y perce et s'impose : la toile blanche, dont le vertige éclaire le début et la fin du livre. Le peintre devra s'y mesurer, s'y définir tout entier. Par la ré-invention des Courtisanes de Carpaccio - largement épanouies, démultipliées à la fois dans le chef-d'oeuvre du passé, dans la Venise réelle et insolite, et déjà à travers le tableau qui n'est pas mais qui va être - ressuscite le drame même de la création. Faut-il le dire pourtant ? N'en déplaise aux innombrables amateurs du désespoir : soit à cause de l'évident plaisir de l'écriture, soit plus encore parce que toute création, fût-elle accompagnée de tortures, reste notre plus fervent exercice (et avec l'amour, peut-être notre seul exercice vrai), voici enfin, d'un bout à l'autre, un livre heureux. C'est le neuvième roman de Michel Bernard.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Comment nos amis Underground et Contre-culture vont-ils se sortir de leurs allers et retours incessants entre Dijon, New-York et Paris ?
Vous le saurez en lisant cette passionnante chronique rappeuse où se croisent Madonna et Jean-François Bizot, Afrika Bambaataa et Jamel Debbouze, le sexe libre et les possédés de Tanger, le sida et la gauche au pouvoir, un libraire anarchiste de 1976 et un tycoon de la presse rock de 2013.
Professeur à Paris I, l'auteur lève le voile sur ce troublant personnage connu comme père du masochisme.
Dans le temps d'autrefois, quand nous avions des loups, mais des feux pleins de feu contre le soir d'hiver, on racontait, la soupe bue, des contes du passé. On partageait son feu dans les temps d'autrefois : les gens venaient, pleins du bruit clair de leurs sabots dans les cailloux de la route. Ces temps-là sont passés.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.