Gwen Edelman
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Récompensée par le prix du Premier roman étranger 2002, une oeuvre troublante, lumineuse et sensuelle, à redécouvrir. Un huis clos servi par une écriture obsédante, pour évoquer le désir, l'art et les limites de la morale, avec pour toile de fond la barbarie de l'Holocauste.
À la fin des années quatre-vingt, dans une librairie new-yorkaise, Kitty Jacobs rencontre Joseph Kruger. Elle a trente-deux ans, lui soixante. Délicate et sensible, elle aspire à écrire ; lui est un célèbre dramaturge juif viennois, accueilli par la critique comme le nouveau Kafka. Il est arrogant, impatient, cynique, brave toutes les convenances, mais dégage un tel magnétisme que Kitty, subjuguée, se donnera à lui.
Durant des semaines où ils se gorgeront de nourriture, d'alcool et de sexe, Joseph dévoilera peu à peu à Kitty le récit de sa vie : Amsterdam, la Palestine, Paris, sa famille déportée, la clandestinité. Et les femmes, innombrables, son dernier refuge dans un monde où il n'a plus rien à perdre.
Dix ans plus tard, alors que Kitty se rend à l'enterrement de son ancien amant, les souvenirs de leur passion ressurgissent... -
Quarante ans après, deux survivants du ghetto de Varsovie reviennent dans la ville où leur existence a basculé. Les souvenirs se réveillent, et avec eux les aveux, les secrets. Par l'auteur de Dernier refuge avant la nuit, lauréate du prix du Premier Roman étranger, une oeuvre hypnotique où l'amour et la sensualité éclairent un impossible et poignant retour en arrière.
Drapée dans un épais manteau, une toque de fourrure enfoncée sur la tête, elle regardait défiler les champs d'un blanc immaculé. Tiens, dit-elle en levant un doigt ganté, il y a un oiseau qui a oublié de partir vers le sud. Assis en face d'elle dans le compartiment clos, il fumait son tabac noir, une grosse écharpe autour du cou. Ses cheveux blancs ondulés encadraient son visage tels ceux d'un prophète. Comme les Juifs, remarqua-t-il, qui ne sont pas partis tant qu'ils le pouvaient. Il retira un brin de tabac collé sur sa langue. Après, c'était trop tard. Ils auraient dû écouter les oiseaux. Crois-tu qu'on a fait mieux ? demanda-t-elle. On a fait ce qu'on a pu, lui répondit-il.