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Ginette Michaud
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Ginette Michaud, intriguée par l'énigme que représentait Harriet - patiente schizophrène, violente, délirante, plusieurs fois hospitalisée que lui avait adressée Roger Gentis -, décida, malgré sa peur, de se risquer dans l'aventure. Son récit, séance après séance, décrit ce que faisait ou disait cette patiente, mais aussi les moments de crises où elle était dangereuse pour elle-même et pour son analyste, les moments de repli, de silence quasiment catatonique où cette malade se réfugiait. Il illustre comment la cure psychanalytique, en lien avec tout un réseau de soins (dont Jean Oury, devenu son psychiatre, les infirmiers, la famille, les amis...), si elle n'est pas en mesure d'extraire la pierre de folie de son cerveau, lui permet d'en souffrir beaucoup moins
« Ce qui rend ce livre exceptionnel, c'est la façon dont Ginette Michaud accepte de nous transmettre ses propres réponses, ses doutes et ce qu'elle considérait quelquefois comme ses erreurs. Il est très rare qu'un psychanalyste s'expose avec autant de vérité en supportant de mettre en évidence les tâtonnements et les points sur lesquels il bute lorsqu'il ne comprend rien.
Elle insiste sur le fait que le savoir est du côté du patient. Mais elle nous montre aussi comment elle a pu se servir, tout au long du traitement, de ses connaissances, s'appropriant la théorie, la transformant, la façonnant à sa manière pour l'aider à construire et à comprendre, dans l'après-coup, ce qui se passait dans les séances. » Catherine Vanier -
Sarah Kofman et Jacques Derrida ; croisements, écarts, differences
Ginette Michaud
- Hermann
- 18 Juillet 2018
- 9791037014016
Cet ouvrage se présente sous le signe de voix croisées : celles de Sarah Kofman et de Jacques Derrida au premier chef, et celles des deux lectrices qui se sont mises à l'écoute des accents singuliers de cette amitié philosophique à partir des oeuvres respectives des deux philosophes et des lettres que Sarah Kofman a adressées à Jacques Derrida de 1968 à 1992. Cette correspondance offre un aperçu inédit de différences saisies sur le vif chez les deux philosophes, très proches et cependant dissemblables dans leur approche des textes. Ces lettres permettent aussi de comprendre ce qui importait tant à Sarah Kofman dans l'amitié que lui témoignait Jacques Derrida, à travers et au-delà des situations conflictuelles qui les opposèrent en quelques occasions. Enfin, ces lettres reconstituent le fil d'une histoire vivante de la philosophie, lieu d'intenses débats intellectuels au cours de ces décennies.
En l'absence d'une biographie en français de Sarah Kofman, une note retrace, à partir de ses archives, les principales étapes d'un parcours semé d'embûches, en un émouvant portrait de la vie-oeuvre de la philosophe. -
René Major : la psychanalyse à venir
Danielle Cohen-Levinas, Collectif
- Hermann
- 30 Septembre 2022
- 9791037019899
Psychanalyste de renom, René Major est l'auteur d'une remarquable oeuvre de pensée qui a ouvert, notamment grâce aux Cahiers Confrontation, un espace de dialogue entre la psychanalyse, la philosophie et la littérature, en élargissant ces échanges aux discours des sciences humaines. Selon le voeu formulé lors de la création en 2003 de l'Institut des hautes études en psychanalyse qu'il a présidé jusqu'en 2017, ses travaux ont relancé l'étude de la psychanalyse dans toutes ses composantes : cliniques, théoriques, éthiques.
Lecteur éclairé des oeuvres de Freud, Lacan et Derrida, René Major se distingue par la portée politique de sa réflexion qui analyse les symptômes individuels et sociaux, les nouvelles formes de violence et de cruauté dans la société. Accordant une attention particulière à la pulsion de pouvoir, sa réflexion s'est incarnée dans des engagements concrets, qu'il s'agisse de la politique de la psychanalyse face à la dictature et la torture au Brésil, de la guerre au Moyen-Orient, des maux de l'économie néolibérale ou de l'organisation des États généraux de la psychanalyse en 2000.
Cet ouvrage réunit pour la première fois autour de cette oeuvre unique psychanalystes, philosophes, historiens et critiques littéraires, qui entendent saluer le travail et l'enseignement de René Major, mais surtout penser avec lui cette « psychanalyse à venir » telle qu'il la rêve et l'imagine. -
La poétique de Celan a profondément incisé la réflexion de Derrida, lui devenant indispensable pour repenser les questions de la date, de la crypte et du secret. De Schibboleth à Béliers et à son dernier séminaire, La bête et le souverain, Derrida s'est aussi intéressé au poème celanien comme lieu d'une souveraine solitude, d'une souveraineté autre, peut-être, quand il parle de lui-même. Cet essai tente d'analyser la portée du deuil et de la dette contractée par le philosophe à l'endroit du poète. De la rencontre entre Celan et Derrida, nulle archive ne saura témoigner. Le verbe «?témoigner?» évoque une sorte de mot de passe secret entre eux?: «?Niemand/ zeugt für den/ Zeugen?» et «?Die Welt ist fort, ich muss dich tragen?». Ces deux vers, Jacques Derrida incitait ses lecteurs à les apprendre par coeur pour deux raisons : d'abord, pour méditer sans fin le rapport à la langue, à l'idiome plutôt, de Celan, creusant, enfouissant, retournant sa langue dans la langue allemande?; ensuite, pour mesurer - relever, dit Derrida - la nécessaire et impossible épreuve de la traduction, cette question qui est non seulement l'un des enjeux les plus importants de la «?déconstruction?» mais aussi le foyer d'une éthique de la lecture.
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Écoles buissonnières
Ginette Michaud
- Dunod (réédition numérique FeniXX)
- Interférences
- 17 Décembre 2015
- 9782100731329
Pédagogie, éducation, psychiatrie, psychanalyse... des Écoles aux pratiques, s'étend un champ où la certitude du savoir ne peut servir de boussole. L'école buissonnière est une nécessité pour qui veut décentrer son approche, rencontrer et écouter les enfants, les fous, les marginaux de tout bord. Écouter, cependant, ne suffit pas, il faut dessiner sur ce chemin des lieux et des espaces de communication qui questionnent la rigidité institutionnelle des Écoles. C'est ce que savaient tous les précurseurs auxquels ce livre rend hommage, des colonies de Makarenko à la grande cordée de Deligny, de Summerhill aux clubs d'enfants ou d'adultes à l'hôpital psychiatrique, une même volonté libertaire est à l'oeuvre qui tente de déjouer les pièges du conformisme social. On sait, depuis Freud, que la psychanalyse n'a pas vocation éducatrice, qu'elle est une méthode pour que se dise le désir et qu'il émerge du piège de l'institutionnel. Ainsi, les textes regroupés dans ce recueil jalonnent-ils le parcours de l'auteur, écolière toujours en rupture d'école qui préfère ignorer qu'elle rythme le bruit de ses pas.
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Laborde... un pari nécessaire
Ginette Michaud
- Dunod (réédition numérique FeniXX)
- Interférences
- 3 Décembre 2018
- 9782706206085
Laborde n'est pas une utopie, ni seulement un « établissement » de soins pour malades mentaux : c'est un lieu où se pratique la « psychothérapie institutionnelle » depuis 1953. Mais pour que le lieu s'accorde à l'« institution », il faut plus que la bonne volonté (même antipsychiatrique) des « soignants » et la présence des « soignés ». Le pari théorique est aussi nécessaire : « j'ai voulu montrer, dans ce texte, que la définition du concept d'institution devait, pour garder une valeur particulière être une définition fonctionnelle, que l'institution était un système de médiation en vue d'assurer un échange inter-humain et cela pour que la société où cet échange trouve place puisse « fonctionner » en satisfaisant à cette exigence de la culture ». Historique, théorique, militant : n'est-ce pas trop pour un seul texte ? Non... si on comprend que cet écrit est fait de ce tissu multiple qui est celui de toutes les réalités fragiles auxquelles on tient. Parier : c'est un acte qui exige la constance d'un désir qui doit avoir pour expression privilégiée l'affirmation. « Laborde se prépare à lutter ou à disparaître, à moins que tous ceux pour qui ce lieu a compté agissent pour le défendre. D'où ce livre, 20 ans après, acte militant, pari nécessaire... lui aussi ».
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Études françaises. Volume 42, numéro 2, 2006
Isabelle Décarie, Eric Trudel, Olivier Asselin, Catherine Mavrikakis, Pierre Vilar, Annabe Herzog
- Les Presses de l'Université de Montréal
- 21 Février 2020
- 9782760641907
Les recherches récentes sur les relations entre la littérature et les arts, après s'être penchées sur l'impossibilité d'une correspondance véritable entre le visible et le lisible, semblent s'être intéressées tout dernièrement aux manières de détourner ces différentes apories. Plutôt que de vouloir poursuivre dans cette voie, nous avons voulu, avec ce numéro, nous placer dans un en-deçà de la théorisation, au plus près d'une certaine expérience du contact, plus proches de la scène où se nouent les liens entre la littérature et les arts, au moment singulier, fantasmé et fictif du toucher, du point de friction, devant les toiles, face aux photographies et aux sculptures, de plain-pied dans l'atelier. Nous avons voulu nous exposer à cette question qui prend ici de nombreuses tournures et nous avons convié les participants de ce numéro à explorer ce contact, dans ce que le mot a de plus corporel, dans ce qu'il a aussi de plus violent, d'imprévu, d'éprouvant, de spectral et d'imaginaire. Sans vouloir nier l'idée d'une rupture entre le visible et le lisible, cette question aura été moins importante que le pari de mettre au jour les possibles d'une telle rencontre.
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Études françaises. Volume 23, numéro 3, hiver 1987
Robert Melancon, Andre Belleau, Pierre Popovic, Lucie Robert, Anne Elaine Cliche, Chantal Gamache, Robe
- Les Presses de l'Université de Montréal
- 28 Novembre 2023
- 9782760650787
Le lecteur trouvera, dans ce numéro, dédié à la mémoire d'André Belleau trop tôt disparu en septembre 1986, les travaux en cours de jeunes chercheurs de plusieurs universités, étudiants et professeurs mêlés. Rompant pour l'occasion le fil thématique qui relie habituellement les articles de revue, cet hommage à un intellectuel hors pair vient d'une génération qu'il a contribué, d'une manière ou d'une autre (et souvent mieux que d'autres), à former par son enseignement, par sa conversation ou par son oeuvre.
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Études françaises. Volume 18, numéro 3, hiver 1983
Jacques Brault, Marthe Gonneville, Lucie Normandin, Francoise Siguret, Laurent Mailhot, Martine Leonard
- Les Presses de l'Université de Montréal
- 22 Novembre 2024
- 9782760652118
Se déployant et se défaisant dans un espace particulier, le livre s'autogénère, se cite, s'autocritique. Nous examinons ici comment il se pense et se rêve.
Après avoir ouvert l'objet-livre dans une première livraison, nous feuilletons dans ce numéro le Livre-texte, tel qu'il se donne à lire sur la tranche, dans les marges, sur la page (manuscrite ou typographiée), dans le volume - le corps -, ou dans l'enceinte périgraphique du livre.
À partir de textes particuliers entrant en jeu ou en conflit avec leur support matériel, à travers la confrontation du texte avec la peinture, la photographie ou le théâtre, nous tentons de voir par quels moyens le texte élabore une nouvelle justification, comment il s'accorde ou résiste à l'intimité (et à l'ordre) du Livre, ou, au contraire, provoque une crise des cadres livresques.
En d'autres termes : comment le Livre se lit-il lui-même ? (Dé)lié ou relié, comment le Livre-texte se livre-t-il au lecteur ? -
Études françaises. Volume 22, numéro 1, printemps 1986
Christie Mcdonald, Pierre Gravel, William Kinsley, Jean-Louis Baudry, Octave Mannoni, Francois Peraldi
- Les Presses de l'Université de Montréal
- 18 Mai 2024
- 9782760651487
D'où viennent les idées ? Comment s'enchaînent-elles ? Qu'est-ce qui rend possible l'émergence d'une « pensée » qu'on appellera (sous réserve) associative ? Quelles sont les retombées d'une telle découverte ? La question de l'association - des idées (au dix-huitième siècle), libre (au vingtième) - travaille à la limite de l'intellection et de la rationalité, ainsi qu'aux limites de divers champs disciplinaires. Pour ressaisir son enjeu, nous avons réuni dans ce numéro des philosophes, des psychanalystes et des littéraires autour de quelques textes nodaux (Diderot, Hume, Sterne, Freud, Joyce, Pynchon) où l'on trouve une théorie et une pratique de l'association. Deux questions (entre autres) nous ont servi de fil conducteur : comment l'association se rend-elle « pensable » (c'est-à-dire intelligible) tout en maintenant son rapport à l'inconnu ? Comment opère-t-elle discursivement ? Et, puisque nous observons ici le processus de l'association à partir de deux moments historiques différents et que, dans chacun des « cas », elle annonce une manière de penser autre, cette question aurait-elle partie liée avec notre « inconscient épistémologique » ?
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Battements du secret littéraire ; lire Jacques Derrida et Hélène Cixous Tome 1
Ginette Michaud
- Hermann
- 3 Mars 2010
- 9782705676407
Depuis la parution de Voiles en 1998, qui a réuni dans un même ouvrage « Savoir » d'Hélène Cixous et « Un ver à soie » de Jacques Derrida, donnant ainsi lieu à une première contresignature explicite entre l'écrivain et le philosophe, de multiples entrecroisements se sont produits entre leurs oeuvres. Au-delà d'un simple repérage thématique et formel, cet essai interroge ce qui fait événement d'écriture et de pensée entre ces deux oeuvres appelées par la « Toute-puissance-autre » de la littérature. À partir des textes qui témoignent des nombreux échanges entre Derrida et Cixous, deux lecteurs se lisant l'un l'autre, on suit ici à la trace quelques-uns des traits les plus caractéristiques et singuliers de chaque lecteur/lectrice, de Fourmis à Genèses, généalogies, genres et le génie, en passant par H. C. pour la vie, c'est à dire..., du côté de Derrida, et par le Portrait de Jacques Derrida en Jeune Saint Juif ; Insister. À Jacques Derrida et Hyperrêve, du côté de Cixous. Dans toutes ces scènes, il s'agit peut-être d'une seule chose : faire droit au même rêve de littérature et apprendre à lire : « il me faut vous apprendre à m'apprendre à me lire », comme le prédisait Jacques Derrida dans « Circonfession », lire, donc, ce qui s'appelle lire, à la hauteur de leurs inventifs et bien-nommés apprentissages.
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« comme en rêve... » ; lire Jacques Derrida et Hélène Cixous Tome 2
Ginette Michaud
- Hermann
- 27 Septembre 2010
- 9782705671600
Depuis la parution de Voiles en 1998, qui a réuni dans un même ouvrage Savoir d'Hélène Cixous et Un ver à soir de Jacques Derrida, donnant ainsi lieu à une première contresignature explicite entre l'écrivain et le philosophe, de multiples entrecroisements se sont produits entre leurs oeuvres.
Au-delà d'un simple repérage thématique et formel, cet essai interroge ce qui fait événement d'écriture et de pensée entre ces deux oeuvres appelée par la «Toute-puissance-autre » de la littérature. À partir des textes qui témoignent des nombreux échanges entre Derrida et Cixous, deux lecteurs se lisant l'un l'autre, on suit ici à la trace quelques-uns des traits les plus caractéristiques et singuliers de chaque lecteur/lectrice, de « Fourmis » à Genèses, généalogies, genres et le génie, en passant par H.C. pour la vie, c'est à dire..., du côté de Derrida, et par le Portrait de Jacques Derrida en Jeune Saint Juif, Insister. À Jacques Derrida et Hyperrêve, du côté de Cixous. Le second volume, Comme en rêve..., est pour sa part consacré aux oneirographies de Jacques Derrida et d'Hélène Cixous. Dans ces scènes d'hyperculture, les grandes questions du rêve, de la puissance de la fiction et du phantasme, de même que le débat autour de « la vie la mort » se trouvent constamment convoqués et relancés. -
Essais sur la schizophrénie et le traitement des psychoses Tome 1 ; l'impossible réalité
Ginette Michaud
- Eres
- Clinique du transfert -La-
- 28 Novembre 2012
- 9782749220093
Ce travail qui se veut didactique s'adresse à tous ceux - psychanalystes compris - qui sont confrontés à cette « relation d'inconnu » propre aux psychoses et aux schizophrénies. Il expose une théorie qui donne un espoir de traitement efficace pour une maladie qui jusque-là était considérée comme chronique et sans possibilité de guérison. Ginette Michaud, psychiatre, psychanalyste (Paris)
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Par les sentiers de Jacques Brault ; Chemins en tous sens de Jacques Brault
Ginette Michaud
- Les Presses de l'Université de Montréal
- Champ libre
- 16 Octobre 2023
- 9782760648227
Le poème n'était pas pour Jacques Brault une question rhétorique ou seulement esthétique : il était indissociable de la vie, saisie dans tous ses aspects, les plus humbles, les plus quotidiens, comme les plus mystérieux. Ni vers ni prose, la poésie passait outre ces limites et circulait aussi librement dans ses essais où surgissaient ses « épiphanies pourvoyeuses de petite éternité ». Dans ses derniers ouvrages Chemins perdus, chemins trouvés, Dans la nuit du poème et Images à Mallarmé, Jacques Brault nous a donné une méditation à la fois profonde et intime sur l'énigme du poème. Ces Sentiers sont une invitation à poursuivre la conversation infinie avec lui.
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Lire dans la nuit et autres essais - pour jacques derrida
Michaud Ginette
- Les Presses de l'Université de Montréal
- Espace littéraire
- 25 Octobre 2020
- 9782760642607
Jacques Derrida est sans contredit le philosophe qui s'est le plus passionné pour la littérature, sous toutes ses formes (impossibles à formaliser) et en tous genres (impossibles à assigner). Dès les commencements de son oeuvre philosophique, il s'est non seulement engagé à penser la question de l'écriture en tant qu'elle avait toujours été marginalisée et abaissée dans la tradition occidentale, il s'est aussi inlassablement tourné vers la littérature pour élaborer ses propres questions touchant le secret, le témoignage, la promesse, le mensonge, le pardon et le parjure, pour en nommer quelques-unes.
À la littérature, on ne saurait imposer, selon Derrida, des règles, des prescriptions ou des fonctions. Les essais réunis ici s'emploient à examiner plusieurs des propositions du philosophe au sujet de la « littérature sans condition », à commencer par celles qui concernent la souveraineté poétique et qui relient, de manière indissociable, la littérature comme « droit de tout dire » à la démocratie (à venir). Derrida insiste en effet sur la « puissance » du « principe » littéraire, qui permet à la littérature de s'affranchir en interrogeant ses propres règles, voire la loi même, dans une performativité sans précédent.
L'expérience littéraire s'avère aussi le lieu par excellence pour expérimenter toutes les modalités de la représentation et de la délégation sur lesquelles se fonde la démocratie. La littérature est ainsi associée pour Derrida à une certaine (ir)responsabilité, à une manière singulière de penser la question de l'éthique en la dégageant de toute morale et de toute instrumentalisation et, il va sans dire, de tout préjugé. S'appuyant sur Kafka, Bartleby et Abraham, Derrida souligne avec force l'importance que cette question d'une éthique autre revêt pour lui et il n'hésite pas à donner une préséance - préférence encore - à la littérature en ce qu'elle s'avance vers la loi pour en comprendre l'origine. De manière significative, il place la question de l'invention poétique et du langage - de ce qu'il appelle l'idiome, irréductible à toute traduction - au coeur de sa réflexion au sujet de la différence sexuelle et de l'hospitalité.
C'est à cette passion de Derrida pour la littérature que sont consacrés les essais réunis dans cet ouvrage. -
La verite a l'epreuve du pardon - une lecture du seminaire le parjure et le pardon de jacques derr
Michaud Ginette
- Les Presses de l'Université de Montréal
- Humanités à venir
- 18 Septembre 2018
- 9782760639591
Prenant pour point de départ le séminaire inédit « Le parjure et le pardon » de Jacques Derrida, cet essai propose une lecture des trois séances qu'il a données à l'École des hautes études en sciences sociales, à Paris, en 1998- 1999. Après avoir rappelé les principales apories du pardon élaborées par le philosophe, Ginette Michaud souligne les implications performatives de ce geste d'« offrande oblique » du point de vue du témoignage poétique auquel le pardon doit se mesurer, ainsi que l'importance des enjeux de traduction à l'endroit de l'idiome du pardon. Elle analyse en profondeur la question de la différence sexuelle et du genre dont Derrida a traité en s'attachant non seulement à la question spécifique du viol, mais également à celle du témoignage et, au-delà, à la violence extrême, la « pire violence ».
Ce séminaire ouvre aussi de nouvelles perspectives sur le texte testamentaire de Jacques Derrida du 16 août 2004, où il accorde une place déterminante à la parole des femmes - de Sarah Kofman et Antjie Krog en passant par celles qui ont témoigné devant la Commission Vérité et Réconciliation jusqu'à la figure de la Justice aux yeux bandés de la cathédrale de Strasbourg - pour penser autrement la question du pardon.