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Mercure de France
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Édouard, collectionneur et libraire d'ancien, possède un précieux cahier d'apprentissage datant du XVIIe siècle qui aurait été tenu par un certain Melchior Soubeyran. Lorsqu'il le confie au narrateur, qui s'y plonge, celui-ci se trouve précipité à Moscou, en 1689, au chevet de Jean-Baptiste Tavernier agonisant sous les yeux de son jeune apprenti. À plus de quatre-vingts ans, l'auteur protestant des Six Voyages en Turquie, en Perse et aux Indes, qui fut le pourvoyeur de Louis XIV en diamants d'exception, a été contraint de reprendre la route de l'Orient. Ce septième départ est une conséquence des persécutions déchaînées par la révocation de l'édit de Nantes, mais aussi des manigances de son flamboyant beau-frère, soi-disant prince du sang persan et assurément escroc de la plus belle eau.
Tandis que son maître délire et menace des fantômes qu'il est seul à voir, le jeune Melchior s'enfonce dans son cahier d'écriture comme un animal traqué dans une terre trop meuble. La fièvre contamine les pages, dans la nuit moscovite, et le narrateur, happé à son tour, n'y échappera pas... -
Rome, hôpital San Camillo Forlanini, printemps 2015. Cloué jambe en l'air sur un lit médicalisé, celui qui prétend s'appeler Wallace tente de comprendre : l'amour lui aurait-il tourné la tête, au risque de la perdre, littéralement ? Il revoit Giulia, sa maîtresse, tâchant de le rappeler à l'ordre de l'amour dans la lumière trop vive de la via Appia Antica avant d'extirper de son sac un petit revolver, qu'il a d'abord pris pour un jouet, en vérité, ou "une sorte d'accessoire de théâtre, un briquet de salon, peut-être, un bijou nacré, élégant, forcément élégant aux yeux de Wallace, comme tout ce que touche Giulia, tout ce qu'elle porte, tout ce qu'elle respire, Giulia"...
Quel rapport avec les fantasmes délirants que la jeune femme prête à son mari paraplégique ? Avec les nouvelles mafias romaines qui détournent l'aide aux réfugiés ? Et avec la Chine, grands dieux ? Quel rapport Wallace entretient-il avec la Chine à son insu ?
Bertrand Leclair nous entraîne dans une histoire haletante, toute en rebondissements multiples, digressions, faux-semblants et chausse-trappes. Le vrai et le faux se mêlent pour donner un roman jubilatoire et enlevé qui mélange les genres et ressemble à l'Italie, dans toute sa diversité : drôle, romantique,
tendre et burlesque à la fois. -
Ce qui lui fait peur, c'est cette violence folle que ses fils peuvent libérer à l'extérieur, d'une seconde à l'autre, métamorphosés, bouffis de haine, à terroriser tout le quartier. La violence... Depuis quand? Voilà une question qui l'agite, tout au fond d'elle-même, là où elle ne peut pas empêcher que les mots soient encore un peu vivants. Depuis quand, elle a peur de la violence de ses garçons ? Depuis quand, tout est parti en vrille ?
Une femme est seule chez elle, immobile sur un fauteuil, dans un appartement presque vide. Plus de rideaux aux fenêtres, plus de télé, plus de canapé. Elle attend qu'on vienne la jeter dehors.
Puisqu'on va l'expulser. Elle le sait et elle ne veut pas, le savoir. Elle voudrait juste chasser les mots, ne plus penser, et surtout pas à ses deux enfants qu'elle ne va plus jamais voir, au parloir de la prison. Elle ne leur a rien dit de l'expulsion qui se prépare, ultime conséquence de leur condamnation pour trafic de drogue...